16/09/2022
Henri Jacob, militant ecologiste, en conversation avec une journaliste Philippe Mercure
Notre foret, le militant ecologiste Henri Jacob l’a dans la peau. Voila 50 ans qu’il la defend contre le developpement. Il existe meme vecu 10 ans, sans eau courante ni electricite. Il etait donc organique que ce soit en plein bois que une editorialiste Philippe Mercure aille le accoster, dans le Abitibi natale.
(Val-d’Or) En Abitibi, l’expression « se tirer une buche » est a prendre au sens propre.
Avec une force etonnante, Henri Jacob attrape une grosse section de tronc d’arbre a bras-le-corps, puis la depose avec fracas devant une eclaircie qui donne sur la riviere Piche. Cela nous invite a nous asseoir, sort un thermos et des tasses d’un sac a dos et nous verse un cafe vraiment, noir et brulant qui revigore pour le froid matin de novembre.
Il designe une ile plantee de coniferes, au-dela de l’eau et des roseaux.
« Vous voyez la pointe ? Ma maison est juste derriere nos premiers sapins », dit-il.
Nous sommes a deux kilometres de Val-d’Or, sur les terres d’Henri Jacob. Cette ile a une signification particuliere Afin de lui. Au sein compte oasis active des annees 1980, on voit vecu 10 annees avec sa blonde et sa fille encore toute jeune. Une vie menee parmi des canards, les ours et les orignaux, sans eau courante ni electricite.
« J’ai commence a militer en 1972 et j’esperais mettre en pratique ce que j’avais appris en theorie, explique-t-il. Et deja, a l’epoque, j’avais l’impression qu’il n’y avait plus grand espoir pour l’environnement. J’esperais faire connaitre 1 milieu plus organique a ma fille pendant que c’etait encore possible. »
L’hiver, c’est son chien, votre terre-neuve, qui traversait la riviere gelee pour amener la petite a l’ecole en traineau. « Le soir, je l’envoyais la chercher. Cela l’attendait a l’ecole et Notre ramenait », raconte-t-il.
Henri Jacob nait en 1952 a La Reine, un village a Notre frontiere de l’Abitibi ainsi que l’Ontario qui se targue d’etre la « capitale mondiale du bout de l’univers ».
« J’ai ete eleve au bord du bois. Notre terrain de jeu, c’etait la foret », dit-il.
Le gout du militantisme lui vient par hasard. Henri Jacob a 20 annees lorsqu’il participe a Notre toute toute premiere edition du programme Jeunesse Canada Monde. L’experience, parsemee de fetes memorables, l’amene de l’Alberta a l’Ontario en passant par le Mexique.
Alors qu’il se deniche au sein d’ une colonie de vacances pres d’Edmonton, il attrape le premier livre qui lui tombe sous mon tour concernant savoir l’anglais. The Silent Spring, de Rachel Carson, decrit les ravages des pesticides sur l’environnement. Le livre fera forte impression dans le petit homme.
De retour en Abitibi, Henri Jacob devient militant environnemental avant aussi que l’expression ne soit connue.
« Je ne savais meme pas que j’etais ecologiste ! », lance-t-il.
Outre via les societes forestieres qui defrichent des territoires ou il kiffe camper et faire une randonnee, il replique a sa propre maniere.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
On voit des choses que je peux conter aujourd’hui, mais que je ne disais gui?re dans le temps, meme a faire mes chums. Comme aller desajuster les carburateurs des bulldozers des forestieres… Je n’ai pas que dalle fera qui ait pu blesser les gens. C’etait juste pour des ralentir.
Henri Jacob s’invite a des rencontres ou il n’est gui?re le bienvenu. Il se souvient de l’une d’elles, organisee entre le ministre des Forets et les entreprises forestieres, ou il pose des questions qui derangent.
« Je n’ai gui?re eu moyen d’avoir les reponses. Ils font 2 gros bonshommes qui m’ont pris via le dessous des bras et qui m’ont amene dehors, devant le ministre ! », raconte celui qui admet avoir ete « peut-etre quelque peu baveux » a l’epoque.
Henri Jacob montre la foret qui s’etend de l’autre cote d’la riviere Piche. Elle a maintes fois ete dans la ligne de mire des entreprises forestieres. Mais avec quelques « complices », Henri Jacob s’est constamment place via leur chemin.
« A la blague, je dis qu’on a fait une aire protegee avant que le concept d’aire protegee y a », lance-t-il.
« On allait verifier les plans de coupe et on savait une annee d’avance ou ils voulaient bucher », explique-t-il.
Notre strategie, pour nos bloquer, c’etait de faire des sentiers de ski de fond. Comme on savait qu’ils etaient obliges de maintenir des marges autour, on des decoupait Afin de qu’il demeure juste des petits bouts qui n’etaient gui?re interessants.